Teuk Dey

La compagnie théâtrale Articule présente le diptyque

Teuk Dey

Représentations: cliquer ici.




Texte: Randal DOUC
Mise en scène: Christophe Maltot


1er volet: Les hommes désertés

2ème volet: Rouge de la guerre

Au loin de ce monde, sur une terre étrangère, des frères ennemis. Écharpes noires contre républicains. Guerre civile. Infinie. Barbare. Durant cinq ans, se trompant de conflit, des avions aveugles venus d'ailleurs versent le fer. Destruction. Un jour comme un autre, un dix-sept avril, les écharpes noires envahissent la grande ville. Inquiétante, étrange victoire. De la terreur, de la folie des guerriers, vont mourir presque deux millions d'hommes, femmes, enfants. Ainsi naît l'histoire de cette pièce.

Deux millions succombèrent dans les champs sous la violence des écharpes noires croyant maîtriser la circulation de l'eau. Dix ans après la fin de leur terreur, alors même que certaines régions demeurent incontrôlables, de nombreuses nations tentent d'organiser les élections libres. La culpabilité sans doute. Des forces immenses et obscures entrent soudain en lutte. Un homme revient. Il avait quitté le pays avant l'arrivée des écharpes noires. Il se dit soldat des élections libres. Dans notre langue, nous l'appellerions Océan. Là-bas, il se nomme Samoth.


Notes de l'auteur

 Phnom Penh est tombé un dix-sept avril. Avant d'évacuer la ville, ils ont vidé les hôpitaux : les malades sur les routes. « Je n'oublierai jamais ce mutilé, n'ayant ni mains, ni pieds, se traînant comme un ver coupé en deux » écrit François Ponchaud. Ce ne sont pas des mots. Cela a existé. Je n'y étais pas. Comme lui, je n'oublierai pas. Pendant le régime des khmers rouges, il y a eu tant de crimes contre l'humanité. Deux millions de morts. Je doute affreusement que l'humanité se souvienne. Je doute affreusement que l'humanité se sente concernée. Les feux de l'actualité sont changeants, balaient d'autres endroits du monde. Cela, c'est l'actualité. Pas le théâtre. Le théâtre est un lieu où l'on peut encore s'arrêter et s'interroger. Mon rêve est de faire venir ces événements sur une scène de théâtre. Ce ne doit plus être un rêve. Le théâtre n'est pas, n'a jamais été, ne sera jamais le combat d'un homme seul.


Randal Douc


Notes du metteur en scène

Ce diptyque est né de l'Histoire du Cambodge. De ce pays pourtant, comme par pudeur, par prudence ou tout simplement pour ouvrir plus grand, l'auteur décide, ici, de ne nous en livrer que des traces : la langue du titre, les noms de certains personnages, une date et quelques événements assez évocateurs pour celui qui connaîtrait l'Histoire du génocide cambodgien. Randal Douc, pour le plus grand plaisir du spectateur, nous racontent deux histoires. Dans « Les Hommes Désertés », une fille part à la recherche de son père dans un pays ravagé par la guerre. Dans « Rouge de la Guerre », un homme revient dans son pays pour y organiser des élections libres. Dans l'écriture de cet auteur, deux régions se mêlent, comme l'eau à la terre. L'une est poétique ; elle parle avec le coeur en développant l'imaginaire ; elle est associée à l'enfance, aux racines, à la mémoire ; elle confère même à la magie. L'autre est politique ; elle réaffirme la violence incommensurable subie par un pays pendant près de vingt ans ; elle lutte à sa manière ; elle participe de la commémoration. « Teuk Dey » nous dit aussi le mélange et la déchirure de l'Homme, à la Nature et à son Histoire. Ces régions comme ces histoires, nous les appelons à venir sur la scène du théâtre. Fidèle à ce pays, comme à ce territoire que l'on voudrait circonscrire.

Christophe Maltot